En 1975, les frontières entre les styles masculins et féminins se brouillent dans le prêt-à-porter. Les codes vestimentaires traditionnels sont remis en cause à grande échelle, tandis que des influences contradictoires cohabitent dans les collections.
La popularité de certains tissus de synthèse contraste avec le retour des matières naturelles. Les figures publiques et les mouvements culturels imposent un rythme inédit à l’évolution des tendances.
Plan de l'article
Pourquoi 1975 marque un tournant dans la mode des années 70
En 1975, les règles établies s’effritent, laissant place à une nouvelle liberté dans le monde de la mode. Le cinéma, la rue, la scène musicale deviennent les véritables laboratoires du style. L’uniformité, autrefois de mise, s’efface devant une explosion de références et une soif d’expression individuelle. Les jeunes, en particulier, se saisissent du vêtement comme d’un moyen de s’affirmer, de revendiquer leur identité et de bousculer l’ordre établi.
Les tendances s’enrichissent de multiples univers. L’impact de Saturday Night Fever galvanise les esprits : la fièvre disco propulse les paillettes et les couleurs vives en pleine lumière. Parallèlement, le vintage prend le pas sur le neuf, alors que le vestiaire puise dans les décennies précédentes pour se réinventer. Le rock, le folk, la vague bohème et la scène disco s’entremêlent, créant une mosaïque de styles qui coexistent sans jamais vraiment fusionner.
Cette année charnière fait éclater les carcans. Les tenues s’émancipent de toute convention : pantalons larges, chemises à col oversize, vestes cintrées. Les stars de la musique, les acteurs et les créateurs deviennent des prescripteurs incontournables. Désormais, la mode prend des airs de kaléidoscope, où chaque tendance a sa place, sans hiérarchie.
Voici ce qui résume cette mutation :
- Tendances : fusion des influences, multiplication des imprimés, engouement pour le rétro.
- Style vestimentaire : affirmation de soi, rejet de l’uniformité.
- Époque : quête de nouveauté, mais aussi appropriation créative du passé.
Le concept même de mode années 70 se transforme, propulsé par ce souffle de 1975 où l’audace prime sur la conformité.
Quelles étaient les tendances vestimentaires incontournables de l’époque ?
Les silhouettes de 1975 s’imposent par leur diversité et leur caractère bien trempé. L’époque voit apparaître une véritable profusion de styles, portée par un goût affirmé pour l’originalité. Les pantalons pattes d’éléphant, amples et souples, deviennent incontournables, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Ils s’associent volontiers à des chemises à col pelle à tarte, souvent couvertes de motifs géométriques ou de fleurs stylisées. Les couleurs claquent : orange brûlé, vert olive, bleu électrique s’affichent sans retenue. Les matières, elles, privilégient le confort : la maille et le velours prennent place dans le quotidien.
Les grandes maisons signent l’air du temps. Yves Saint Laurent revisite la saharienne, Chloé impose les blouses légères, tandis que Kenzo, Issey Miyake et Karl Lagerfeld renouvellent le paysage du prêt-à-porter. Les jeans taille haute de Levi’s, Lee et Wrangler deviennent le symbole d’une génération, alors que Calvin Klein et Gloria Vanderbilt font progressivement leur entrée sur le devant de la scène.
La scène disco et la mouvance punk se côtoient dans les rues. Robes métalliques, accessoires tape-à-l’œil, détournements d’épingles à nourrice : tout se mélange. Côté féminin, la mode s’émancipe avec les robes longues, les jupes midi et les combinaisons audacieuses. Les vestiaires masculins s’autorisent plus de fantaisie : motifs, couleurs, accessoires inattendus.
Pour donner à chaque tenue une personnalité marquée, les accessoires jouent un rôle clé. Voici les incontournables de l’époque :
- Foulards noués autour du cou ou dans les cheveux
- Lunettes de soleil oversize
- Ceintures larges pour structurer la taille
- Sacs à franges, emblèmes d’une touche bohème
Le flower power hérité du mouvement hippie continue d’inspirer, même s’il s’efface peu à peu face à de nouvelles influences. La liberté reste le maître mot.
Des icônes aux anonymes : qui portait quoi en 1975 ?
Dans les défilés comme dans la rue, le style vestimentaire de 1975 s’incarne à travers une diversité de visages. Les figures emblématiques imposent le tempo. David Bowie électrise la mode avec ses tenues glam rock, ses couleurs métalliques et ses coupes inattendues, véritables manifestes de la diversité stylistique. Farrah Fawcett fait sensation avec sa chevelure ample, ses combinaisons ajustées et son style décontracté venu de Californie. La nuit, la piste de danse s’embrase sous la lumière des boules à facettes : la mode disco s’impose, relayée par le succès de Saturday Night Fever et ses costumes éclatants.
À Londres, le punk explose grâce aux Sex Pistols et à Vivienne Westwood : cuir, slogans provocateurs, épingles à nourrice sont détournés et portés avec fierté. À New York, les Ramones popularisent le jean usé et le perfecto noir, devenus symboles d’une nouvelle rébellion. Les créateurs s’emparent de ces mouvements et en proposent leur propre interprétation : Yves Saint Laurent réinvente le smoking, Calvin Klein revisite le jean, tandis que la rue s’approprie et adapte ces nouveaux codes à sa manière.
Dans les lycées, sur les places, une jeunesse colorée s’exprime. Certains arborent les pantalons pattes d’éléphant et les chemises à motif, prolongement de l’esprit flower power ; d’autres choisissent la veste cintrée et les accessoires brillants pour une allure disco. Les touches de reggae et de funk commencent aussi à émerger : couleurs vives, matières naturelles, détails tressés. La société s’essaye à la singularité, mixe les registres, s’affranchit des clivages entre genres. Chacun cherche sa place, entre désir d’indépendance et esprit de groupe.
Le style 1975 aujourd’hui : inspirations et idées pour revisiter cette décennie
Impossible de nier l’influence persistante de la mode de 1975 sur les collections actuelles. Sur les podiums parisiens, lors de la fashion week de Milan, les références à cette période refont surface. Les pantalons pattes d’éléphant, les chemises à col pelle à tarte, les imprimés floraux et les vestes cintrées trouvent de nouveaux adeptes. L’engouement pour le vintage touche aussi les accessoires : lunettes XXL, foulards noués, sacs en cuir souple s’invitent dans les dressings.
Sur Instagram, TikTok ou dans les pages mode, les influenceuses s’inspirent ouvertement de l’ADN des années 70. Elles associent le jean flare à une blouse légère, glissent une veste en daim sur une robe longue, jonglent avec les couleurs éclatantes et les motifs géométriques. Les grandes maisons comme Gucci ou Chloé puisent elles aussi dans le répertoire de la mode années 1975, oscillant entre clin d’œil nostalgique et réinterprétation audacieuse.
Le cinéma et la musique continuent d’alimenter ce revival. Les tee-shirts affichent les affiches de films cultes, tandis que les playlists disco et funk rythment les soirées. En France, le phénomène s’étend : marchés, friperies, boutiques spécialisées proposent des pièces d’époque ou inspirées de la vintage mode années 70. Ce patrimoine vestimentaire devient un terrain de jeu pour qui souhaite mixer héritage et modernité, affirmer sa singularité et tester de nouvelles audaces.
Quarante ans plus tard, la mode de 1975 ne cesse de hanter les vestiaires : elle rappelle que chaque époque invente ses propres codes, sans jamais oublier de regarder dans le rétroviseur.


