La règle ne souffre aucune ambiguïté : tout résident fiscal français doit mentionner l’ensemble de ses revenus à l’administration, qu’ils soient perçus ici ou à l’autre bout du globe. Peu importe si ces montants ont déjà été frappés d’un impôt ailleurs ; la déclaration reste obligatoire, sous peine de sanctions.
Des conventions fiscales tentent d’éviter que la même somme ne soit taxée deux fois, mais la réalité se montre plus nuancée. Selon la nature des revenus et le pays concerné, ces accords protègent certaines catégories, mais pas toutes. Revenus locatifs, pensions versées depuis l’étranger : il arrive que ces flux échappent à la logique du traité. Pour l’administration française, la transparence prévaut : chaque détail doit figurer sur la déclaration, faute de quoi la sanction peut tomber, sans avertissement.
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Comprendre la notion de résidence fiscale et ses conséquences
Avant toute chose, il faut cerner la notion de résidence fiscale pour appréhender l’imposition des revenus mondiaux en France. Le Code général des impôts fixe plusieurs critères : où se situe le foyer, le centre des intérêts économiques, ou encore la présence physique supérieure à 183 jours sur le territoire. Quiconque remplit l’un de ces critères relève du régime fiscal français, peu importe l’origine des ressources.
Un résident fiscal doit donc déclarer tous ses revenus, qu’ils proviennent de l’Hexagone ou d’ailleurs. C’est l’article 4 B du CGI qui l’impose : salaires, dividendes, loyers, pensions encaissés à l’étranger sont pris en compte, même si déjà imposés localement. À l’opposé, un non-résident fiscal ne sera concerné que par ses revenus de source française : immobilier, salaires, pensions ou rentes dont l’origine se trouve sur le territoire national.
Pour résumer, voici les deux régimes :
- Un résident fiscal doit déclarer la totalité de son revenu mondial.
- Un non-résident fiscal se limite à ses revenus de source française.
Ce clivage façonne la portée des obligations déclaratives et la nature des sommes imposables. Les conséquences d’une erreur ou d’une omission ne sont jamais anodines. Le centre des intérêts économiques, le patrimoine, la famille : tout pèse dans la balance. L’administration, elle, ne laisse rien passer au hasard.
La France impose-t-elle réellement les revenus de source étrangère ?
Pour quiconque réside fiscalement en France, la règle est sans détour : tous les revenus perçus à l’étranger sont soumis à l’impôt sur le revenu. Qu’il s’agisse de salaires, dividendes, loyers ou rentes reçus hors de France, il faut les déclarer, même si un impôt a déjà été prélevé à la source. L’administration applique le barème progressif, modulant l’imposition selon le niveau de vie et la composition du foyer.
Du côté des non-résidents, le système diffère. Les revenus de source française sont taxés au taux minimum : 20 % jusqu’à 29 315 € (ou 14,4 % pour les DOM), puis 30 % au-delà (20 % DOM). Néanmoins, il existe une option : sur demande, le taux moyen calculé sur le revenu mondial du foyer peut s’appliquer. Cette alternative, souvent plus avantageuse, suppose une transparence sur l’ensemble des ressources perçues à l’étranger.
Le taux effectif constitue un levier stratégique. Il permet de maintenir la progressivité de l’impôt français, même si certains revenus étrangers sont exonérés en vertu d’une convention. Ces sommes, non taxées en France, servent toutefois à calculer le taux applicable sur les autres revenus, évitant ainsi qu’une exonération ne réduise artificiellement l’imposition globale.
Au final, calculer l’impôt sur le revenu pour un résident ou un non-résident dépasse largement le cadre d’une simple addition. Tout se joue dans un équilibre subtil entre transparence, progressivité et intégration de la fiscalité étrangère. Oui, la France impose les revenus mondiaux, mais la réalité, faite d’exceptions et d’ajustements, se révèle bien plus nuancée qu’il n’y paraît.
Obligations déclaratives : ce que tout contribuable doit savoir
La période déclarative annuelle, c’est l’heure du face-à-face avec l’administration fiscale française. Toute personne domiciliée fiscalement en France doit signaler l’ensemble de ses ressources, y compris celles perçues à l’étranger. Le formulaire 2047 sert à inventorier les revenus hors de France ; le formulaire 2042 agrège le tout, qu’il s’agisse de salaires, de loyers ou de placements. La moindre omission expose à des sanctions fiscales, variables selon la gravité : pénalités allant de 10 à 80 %, intérêts de retard, voire poursuites en cas de mauvaise foi avérée.
L’administration fiscale (la DGFIP) vérifie la cohérence des déclarations, s’attache à repérer les comptes bancaires non signalés à l’étranger ou les revenus passés sous silence. Mieux vaut anticiper et régulariser spontanément, via une déclaration rectificative, si une erreur s’est glissée dans la déclaration initiale. Nombreux sont ceux qui, face à la complexité, s’en remettent à un avocat fiscaliste pour défendre au mieux leurs intérêts.
Pour éviter toute erreur, voici les étapes à respecter :
- Renseignez les revenus perçus à l’étranger sur le formulaire 2047, puis reportez-les sur le formulaire 2042.
- Déclarez chaque compte détenu à l’étranger, sous peine de sanction.
- En cas d’oubli ou de retard, effectuez une régularisation sans attendre pour limiter la pénalité.
La transparence n’est pas une option. Toute ressource, peu importe son origine, doit apparaître sur la déclaration. Les contribuables avertis savent que le risque n’est jamais théorique : l’arsenal répressif s’active à la moindre anomalie, reflet d’une volonté affirmée de préserver l’équité entre tous.
Entre conventions fiscales et double imposition : comment la situation se règle en pratique
Face au risque de double imposition, la convention fiscale internationale joue un rôle de bouclier. La France a signé des accords avec la quasi-totalité des grandes économies : ils répartissent le droit de taxer entre le pays d’origine et celui de résidence du bénéficiaire. Deux mécanismes s’opposent : le crédit d’impôt (on déduit ce qui a déjà été payé à l’étranger) et l’exemption (le revenu étranger sort de la base imposable française, mais sert à calculer le taux applicable sur les autres ressources).
La méthode retenue varie selon les conventions et la nature des revenus. Pour les revenus immobiliers ou les dividendes, la France peut soit imposer et accorder un crédit d’impôt égal à ce qui a été payé à l’étranger, soit exonérer le revenu tout en l’utilisant pour le calcul du taux effectif. Chaque cas réclame une lecture attentive de l’accord bilatéral.
La fiscalité internationale ne concerne pas que les particuliers. Depuis 2024, l’impôt mondial sur les multinationales s’applique : tous les groupes dont le chiffre d’affaires dépasse 750 millions d’euros sont soumis à un taux minimal de 15 %. L’Union européenne a transposé ce projet pour freiner l’attrait des paradis fiscaux, mais la dynamique reste fragile. Les États-Unis et la Chine tardent à ratifier, témoignant des résistances qui traversent la planète fiscale.
Le plan BEPS, conçu pour contrer l’érosion des bases fiscales et le transfert artificiel de profits, complète l’arsenal. Derrière la multiplication des textes, la réalité s’impose : la coordination progresse, mais la lutte contre l’évasion fiscale reste un défi permanent.
À l’heure où l’argent circule sans frontières, les règles fiscales, elles, se réinventent sans relâche. Les contribuables l’ont compris : la vigilance n’a jamais été aussi actuelle.


