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Pourquoi les ebooks sont si chers ?

Un eBook ouvert sur un iPhone (Jonas Tana/Flickr/CC-by-NC-DR) Combien cela coûte, une série de 0 et 1 ? C’est la question vertigineuse que doivent faire face les éditeurs lorsqu’il est nécessaire de fixer le prix de la version électronique de l’un de leurs livres.

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Et la réponse varie considérablement d’un titre à l’autre, comme le montre un échantillon d’une cinquantaine de romans et d’essais, choisis parmi les best-seller ou signés par les auteurs les plus connus.

Pour chacun, j’ai augmenté le prix de l’édition originale, de l’édition de poche et des versions iBook d’Apple ou Amazon Kindle (données disponibles au format CSV).

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À ma grande surprise, l’ebook est dans la plupart des cas plus cher que la version de poche.

Le coût supplémentaire est même 10,90€ pour Boomerang, de Tatiana de Rosnay (éd. Héloïse d’Ormesson) — 17,99€ en version électronique, 7,10€ au livre de poche ( 150%).

De même, Apocalypse Bébé, de Virginie Despentes (Grasset ed.), vous coûtera 13,99€ si vous voulez pour le lire sur votre Kindle, contre 7,10€ seulement si vous souhaitez parcourir les 380 pages de la version Broché ( 97 %).

Ce changement m’a surpris : d’une part, un fichier numérique dont la reproduction ne coûte rien ; d’autre part, un objet physique fait de papier et d’encre et qui doit être envoyé au lecteur.

En plus d’offrir un prix bas pour les ebooks les rend plus accessibles aux lecteurs les plus cassés, et pourrait éviter de voir un certain tour avec le piratage.

Si l’on compare le prix de l’édition originale et celui de l’ebook, le second est toujours plus bas, mais la remise varie considérablement selon les titres : de ‑ 17 % à ‑ 68 % (-41 % en moyenne).

Parmi les auteurs dont les livres électroniques sont vendus à un prix cassé, on trouve paradoxalement Frédéric Beigbeder, un adversaire féroce de l’e-book — c’est la fin des « librairies, maisons d’édition, compléments littéraires dans les journaux et peut-être la fin de la critique littéraire », a-t-il déclaré sur Europe 1 en 2011.

Son Oona & Salinger est vendu 7,10€ en poche mais seulement 6,49€ chez Apple et Amazon, ce qui représente une réduction de 9%, le plus élevé de mon échantillon. Et pour Windows on the World, l’ebook est « seulement » 39 cents plus cher que la poche (7,99€ au lieu de 7,60€, ou 5%).

J’ai donc contacté les éditeurs concernés pour mieux comprendre comment ces prix étaient fixés.

La réponse de Fallois m’a beaucoup surpris : si La Vérité sur l’affaire Harry Québert, best-seller surprise de Joël Dicker, coûte 11,99€ en version électronique (contre 9,20€ en poche, soit 30%), c’est pour l’empêcher de trop vendre, m’explique essentiellement Philippine Cruse :

« Nous voulons soutenir le livre papier. Si vous mettez un prix trop bas pour les ebooks, les gens n’achèteront que du numérique et vous allez tuer les libraires. »

Si le sort des bibliothèques est en jeu, pourquoi ne pas aller plus loin et supprimer la version ebook de la vente ? Parce que le moment est à un compromis : « Nous devons jongler, c’est un moment un peu difficile », admet-t-elle.

Chez Viviane Hamy, qui vend Coule la Seine de Fred Vargas pour 9,99€ en ebook alors qu’il coûte 4,30€ en poche ( 132%), Maylis Vauterin a bien expliqué la politique de prix pratiquée.

Lorsque le livre est une nouveauté, la réduction sera « 30% minimum », mais le prix peut même être baissé à 9,99€ dans le cadre d’une offre de lancement si « le potentiel d’un titre est particulièrement fort pour les lecteurs qui lisent numériquement ».

Pour les livres « de fond », le prix est de « 9,99€ pour la collection de la police et de 6,99€ pour la collection bis », hors périodes et offres promotionnelles.

Et c’est précisément pour pouvoir offrir des promotions que le prix de Coule la Seine et d’autres romans de cet éditeur est gardé plus cher que la version poche :

« Je ne connais pas d’autres mécanismes pour mettre en valeur nos livres (dans la masse des livres disponibles, être un éditeur indépendant devant des groupes) que de participer au prix les opérations de réduction.

En pratiquant un prix normal de 9,99€, j’ai la possibilité de les offrir à 4,99€ en négociant une belle focalisation sur notre production. »

Vauterin reconnaît qu’elle « tâte » pour « trouver un modèle éditorial » pour maintenir en ligne l’équilibre délicat entre « best-sellers et découvertes de talents, nécessairement déficitaires économiquement ».

Mais s’il est virtuel, un e-book génère des coûts réels pour l’éditeur, ajoute-t-elle. Les revendeurs (Apple, Amazon…) conservent 40% du prix payé par l’acheteur. L’éditeur a choisi de payer des droits d’auteur plus élevés que pour le papier. Et puis il est nécessaire de prendre en compte « l’interface avec les plates-formes et la gestion des métadonnées, qui impliquent de grands investissements ». Sans parler de la réalisation des fichiers epub eux-mêmes.

En tout état de cause, il se défend de toute hostilité à l’égard de ces nouveaux médias :

« Le numérique est une partie importante de la vie de notre catalogue. Nous avons investi pour faire près de 80% de notre catalogue numérique, y compris des livres qui vendent de très petites quantités. »

Et pour vous, quel est le bon prix pour un e-book ? Le débat est ouvert dans les commentaires !

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